Aminata Dramane TRAORÉ est une femme inspirante, notamment par les actions qu’elle mène qui témoignent de son engagement pour l’Afrique, les Africains, le Mali, et les Maliens. C’est en entendant le nom de cette grande dame souvent revenir dans des conversations avec une note d’admiration, que j’ai voulu lire l’un de ses écrits pour mieux comprendre le respect qu’elle a acquis à l’international.
Mon choix s ‘est porté sur Le viol de l’imaginaire paru pour la première fois en 2002. Toujours d’actualité, ce livre fait partie de sa riche bibliographie d’oeuvres qui verbalisent les origines des maux que vivent les peuples noirs, et l’espoir qui demeure pour y remédier.
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L’art de trouver les mots justes qui éclairent avec des faits concrets…
En plus d’un talent pour l’écriture, Aminata Dramane TRAORÉ est dotée de la capacité à dire ouvertement ce qu’elle sait, même si elle a conscience que cela dérange ceux qui sont en position d’autorité hiérarchique sur elle. Juste pour cela, elle force le respect. Surtout lorsqu’on a conscience du prix à payer par ceux qui osent se montrer intègre face à nos sociétés capitalistes.
Dans ses écrits, elle partage avec nous le fruit d’une expertise acquise grâce à ses expériences professionnelles et personnelles. Avec des exemples, citations, et anecdotes, elle amène le lecteur à comprendre pourquoi nos dirigeants sont soumis à des forces externes qui agissent en notre défaveur. Les rouages de ces mécanismes ont mis des siècles à se construire. Aussi, il nous faudra également faire preuve de patience et stratégie pour les déconstruire.
Cela commence par le fait de s’éduquer avec ce type de lecture qui décrypte la raison d’être des obstacles érigés contre le développement économique de nos pays. C’est l’accès au savoir par l’ensemble de la société civile sur les principales sources de ses problèmes, qui lui permettra ensuite de consciencieusement choisir un pouvoir qui la représente dignement afin d’y remédier. Pour ce faire, les acteurs à la tête de l’État doivent avoir une réelle volonté de dialogue avec leur peuple pour mettre en place un système réaliste qui profite à tous. L’auteure nous laisse penser que ce plan d’action est encore possible si on donne le meilleur de nous-mêmes pour provoquer cette reconstruction.
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Le récit parallèle d’une expérience ministérielle éprouvante mais révélatrice…
Ce livre est également pour Aminata Dramane TRAORÉ une façon de nous expliquer pourquoi l’espace politique n’est pas encore prêt à être la solution à nos maux. Cela durera tant qu’on aura des dirigeants qui décident de ne pas voir, ou qui évitent de parler publiquement des alternatives au système en place. Son passage au Gouvernement malien en est la preuve.
Sa nomination comme Ministre de la Culture et du Tourisme est intervenue entre 1997 et 2000, sous la Présidence d’Alpha Oumar KONARÉ, dont le Premier Ministre était Ibrahim Boubakar KEÏTA. Durant cette fonction, l’esprit libre qu’elle est a vite déchanté face aux agents du néo-colonialisme qui amadoue ses contestataires pour mieux les brider. Cette expérience l’amène alors à se concentrer sur une solution alternative à la politique, celle de d’abord décoloniser les esprits individuels par la culture.
Comme beaucoup d’entre nous, l’auteure a été confrontée à des comportements racistes dans sa vie. La source de ces comportements est liée au passé. Mais le passé est également une clé pour nous face à ces derniers. Ainsi, par la culture, on peut se reconstruire individuellement en faisant « appel à la mémoire, à l’estime, au respect, et à la confiance ». Après avoir guéri ce Moi chez la majorité, on pourra alors pleinement s’atteler au Nous !
« Le fait que l’ensemble des États africains soient aujourd’hui confrontés à des difficultés semblables et que celles-ci persistent même en cas de changement d’équipe en dit long sur l’impact des facteurs externes dans le sabotage des économies et des démocraties » (p.162). Voici l’une des nombreuses phrases et pensées de cet ouvrage qui mènent à méditer.
Et vous qui avez lu le livre, qu’elles sont vos impressions ? Au plaisir de vous lire en commentaire.
(Par Salimata)
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