Savez-vous pourquoi les mariages sont l’une des meilleures occasions de voir ce qui fait la richesse des cultures d’un pays ? C’est parce qu’en général, tout ce qui entoure les festivités respecte des codes identitaires !
Ici, je vous invite à découvrir quelques spécificités liées aux mariages traditionnels maliens. Même s’il existe une diversité de traditions propres aux choix ou à l’héritage familial de chacun, on retrouve un lot de pratiques communes qui rythment de nombreux mariages du pays et des membres de sa diaspora.
L’organisation se fait autour d’étapes ponctuées par des moments clés qui préparent à la vie de couple. Découvrons leurs histoires dans cet article !
DES FAIREPARTS RÉALISÉS AVEC DES NOIX DE COLA EN CADEAU…
Dans l’histoire, la noix de cola est une preuve ancestrale de respect en Afrique de l’Ouest. Quand on l’offre à une personne, l’intention derrière le présent est d’honorer son destinataire.
Ces noix, qui poussent dans de grands arbres de la région, sont réputées pour leurs propriétés thérapeutiques. Elles sont également connues pour leur vertu à appeler à l’union pour les grands événements qui traversent la vie de chacun, dont les baptêmes, ou encore les mariages dans notre cas présent. Dans le développement qui suit, je m’appuie sur le cas des Malinkés qui m’est plus familier.
Quand un homme vise à épouser une femme qui lui plaît, il procède par étapes. D’abord, il informe sa propre famille. Un émissaire, généralement un de ses parents proches, réalise alors une tentative de rapprochement auprès de la famille de la femme convoitée. L’émissaire est chargé de se rendre chez un oncle paternel de la femme, de préférence l’aîné, ou directement chez les parents de cette dernière selon les cas.
Lorsqu’il formule la demande en mariage au nom du prétendant, il offre également un sac de colas symbolique pour accompagner sa démarche. Si la famille l’accepte, la réponse à cette demande est oui, c’est un non si elle le refuse. À noter que dans les faits, la réponse n’est pas instantanément donnée durant cette rencontre. La décision finale revient à la femme qui est ensuite consultée après le départ de l’émissaire. Elle est alors libre de prendre tout le temps qu’il lui faut pour faire ce choix de vie important.
Ce processus démontre que chez nous, se marier implique deux familles qui travaillent à nouer un lien à travers un couple prêt à s’unir de manière officielle. Une fois la demande acceptée, le prétendant est invité à honorer sa fiancée en lui offrant une dot au montant fixé par sa famille. C’est une forme de garantie du sérieux de son engagement pour elle. Alors, la nouvelle des fiançailles est rendue publique avec le « worotlan ». Cela signifie le partage de noix de cola dans des sachets individuels avec des friandises, puis une distribution aux proches afin de leur faire part du mariage à venir !
LA PLACE IMPORTANTE DES MARRAINES DANS LES PRÉPARATIFS…
Alors que les parents des mariées sont symboliquement tenus de rester discrets lors de l’événement, les marraines tiennent un rôle central durant l’organisation du mariage et ses festivités. Nommée « demba » en bambara, elles sont choisies parmi les tantes des futurs mariés. Ce rôle central est d’ailleurs valorisé. Ainsi, durant la cérémonie du mariage, elles sont fièrement couronnées d’une écharpe personnalisée qui permet de facilement les identifier car leur nom est brodé dessus.
Telles des wedding planners, les dembas accompagnent les fiancés pour que chaque étape du mariage se déroule en conformité avec les traditions des deux familles. Dans la pratique, les cérémonies autour du mariage n’impliquent pas toujours une grande fête. Par exemple, certains choisissent la simplicité en faisant l’événement en petit comité à domicile.
DES TENUES DE FÊTE ENTRE TISSU TRADITIONNEL, WAX ET BAZIN BRODÉ…
Pour apprécier la beauté des tenues vestimentaires des mariées maliennes et des pays voisins, je vous invite à consulter les photos de ce tableau Pinterest.
Avant les festivités, les couples choisissent souvent de proposer une tenue uniforme à leurs proches qui est à réaliser à partir d’un tissu identique. Si les tenues en bazin avec des broderies et en Wax sont très populaires, les vêtements composés de tissus en bogolan ou en indigo réalisés par des artisans maliens sont également valorisés par ceux qui sont sensibles au savoir-faire local.
Au-delà des tenues, l’étape des préparatifs passe aussi par la mise en beauté qui va de l’achat d’accessoires tels que des bijoux en or, ainsi que la pose de henné sur les mains et les pieds la veille de la cérémonie.
Le jour du mariage religieux, les hommes et les femmes fêtent l’événement dans des pièces différentes. Précisons que la majorité des Maliens sont de confession musulmane. L’union du couple est ainsi formalisée par des récitations religieuses du côté des hommes.
Puis s’enchaînent les conseils des anciens sur la vie de couple, ponctués d’invocations pour une union heureuse à l’adresse des nouveaux mariés. En parallèle, le djeli, qui est un artiste mi-conteur généalogiste et mi-chanteur, est chargé de distraire les invités en faisant l’éloge historique des membres de la famille des mariés. Cela en fait un moment qui permet aux proches du couple de mieux se connaître.
Ensuite, selon les préférences de chacun, les nouveaux mariés choisissent un ordre personnalisé pour réaliser le mariage civil (ou pas), puis faire des visites de courtoisie à la famille pour une meilleure présentation de leur conjoint, et pour faire la cérémonie des cadeaux.
LE RITUEL DE BÉNÉDICTION DE LA MARIÉE AVANT SON ENTRÉE DANS LA VIE DE COUPLE…
Avant de se rendre officiellement au domicile de son époux, la nouvelle mariée procède à un rituel qui annonce son entrée dans la vie de couple. Ce rituel se nomme « Kunkoli » et « senkoli » en bambara. Cela s’apparente à des ablutions où on lui lave les mains, le visage, et les pieds.
Cette dernière est ensuite coiffée de nattes réalisées sans rajouts, puis drapée d’un habit tout en blanc avec un grand voile sur la tête pour cacher son visage, et enfin elle est conduite au domicile de son mari.
Elle peut alors entrer dans la chambre nuptiale, une étape nommée la « kognosô » en bambara. Pendant une semaine, elle y est accompagnée par une femme choisie pour lui tenir compagnie la journée, s’occuper de lui préparer ses repas, et lui donner des conseils si besoin. Ce détail démontre que chaque instant autour du mariage est l’occasion de partages qui visent à procurer une expérience positive.
LE CONFINEMENT DE LA MARIÉE PENDANT SEPT JOURS CHEZ SON ÉPOUX…
Aujourd’hui, la kognosô n’est pas toujours appliquée en totale conformité avec la tradition car le couple, particulièrement la nouvelle mariée, est astreint à respecter de nombreuses restrictions pendant cette semaine. Quand on passe outre ces restrictions, on arrive à apprécier les étapes qui incarnent une phase clé pour les nouveaux époux. C’et un moment privilégié où ils peuvent profiter de ce confinement pour apprendre à se découvrir dans la vie ensemble. Mais quelles sont les restrictions ?
Pendant la kogonosô, la femme est invitée à rester pendant sept jours dans sa chambre en gardant son grand voile sur la tête face aux proches qui lui rendent visite pour lui tenir compagnie la journée. L’homme peut quant à lui sortir au bout de 3 jours.
Par ailleurs, la jeune mariée respecte également pendant ces sept jours un régime détox qui lui permet d’uniquement manger de la bouillie de riz, de la soupe, et de l’eau chaude. Ce régime alimentaire particulier est une forme d’assainissement de son organisme à voir comme un nouveau départ sur des bonnes bases.
La fin du confinement est conclue par un passage au domicile des parents qui pourront apprécier le statut marital de leurs enfants. Ainsi, la vie normale peut enfin reprendre place, mais à deux !
Et chez vous, qu’elles sont les particularités du mariage traditionnel qui font la beauté de votre héritage familial ? Au plaisir de vous lire en commentaire.
(Par Salimata)
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