La charte du Mandé et autres traditions du Mali : résumé de la traduction de ce serment historique

25 mai 2022 5 Min Read

« Entente ! Entente ! Entente ! Entendons-nous, rien ne vaut l’entente : ainsi s’édifia le monde, ainsi finira le monde ». Cette phrase traduit l’état d’esprit de fraternité qui a contribué à la naissance de l’Empire du Mali symbolisée par une charte d’engagement qui date du XIIIe siècle !

La charte du Mandé est encore une leçon de sagesse intemporelle à réellement mettre en pratique. Et, c’est une chance d’avoir de nos jours ce type de livre qui permet au monde d’accéder à des textes authentiques de grande importance dans l’histoire de l’Afrique soudano-sahélienne. Surtout quand on sait que l’accès aux écrits traitant des enseignements du passé de ce continent ont longtemps été nommés « mystères » par beaucoup. Tout cela, car les codes traditionnels de transmission orale entre initiés sont parfois difficile d’accès pour les personnes intéressées, aussi bien au niveau du grand public étranger que pour les Africains eux-mêmes.

Ainsi, dans cet article, j’ai pris plaisir à vous faire un résumé de l’essence du message de ce livre. Ce dernier relaye le premier serment d’union réalisé en 1222 par des notables du Mali autour du Mansa Soundjata KEÏTA avec des valeurs clés : le maintien de la paix, le respect de la liberté individuelle de chaque homme, la justice pour tous, la lutte pour la sécurité alimentaire du peuple en toutes circonstances, et la solidarité contre les esclavagistes.

Un serment historique traduit du mandé au français par une équipe de spécialistes…

Ce projet de traduction est naît avec Les carnets du calligraphe, une collection de livres consacrés à la diversité des formes d’écriture dans le monde, avec une mise en lumière faite à travers des textes majeurs de l’humanité.

C’est Aboubakar FOFANA, un calligraphe-plasticien d’origine malienne, qui s’est occupé de la direction éditoriale de ce volume dédié à la culture soudano-sahélienne. Ce dernier a habillé la forme des pages du livre avec les illustrations de pictogrammes symboliques des sociétés initiatiques du Mandé. Et, il s’est entouré de deux experts qui ont collaboré avec lui pour nourrir le fond de l’ouvrage avec un texte historique clé.

Le premier est Jean-Louis SAGOT-DUVAUROUX, un dramaturge et philosophe impliqué dans la vie culturelle franco-malienne qui a été la source d’inspiration ayant fait de la charte du Mandé le sujet principal abordé dans cet ouvrage, et l’un de ses traducteurs. Le second est Youssouf Tata CISSÉ, un historien d’origine malienne qui a quant lui complété le savoir-faire de l’équipe pour accéder au contenu de la charte dont la science lui fut transmise par des initiés, et a accompagné le travail de traduction pour qu’il soit conforme au message initial.

La collaboration de ces trois personnalités a ainsi permis l’existence de ce livre rapide à lire, mais riche d’enseignement. En plus de la traduction de la charte du Mandé, on note en seconde partie la présence de textes classiques de philosophie africaine qui permettent de méditer sur la marche de l’univers, la personne humaine, le mariage, l’harmonie du monde, et la noblesse d’âme notamment.

La 1ère déclaration de droits fondamentaux des hommes et du citoyen en bref…

Aussi connue sous le nom de la charte de Kouroukan Fouga en référence au lieu où elle fut proclamée, cette déclaration qui date du XIIIe siècle incarne un discours politique dont la transmission s’est faite de génération en génération à l’oral, bien avant sa transcription récente à l’écrit.

Le message porté est un engagement juridique ferme érigé par le réseau territorial de la confrérie des chasseurs. Durant cet événement, des membres de cette organisation de notables se sont rassemblé autour du Mansa Soundjata KEÏTA, le fondateur de l’empire du Mali. Cette initiative intervient dans un contexte d’après-guerre, où la victoire s’est concrétisée grâce à l’union formée contre un adversaire commun, avec la consécration de Soundjata KEÏTA en tant que leader politique des nouveaux alliés. Et en parallèle, dans un contexte d’insécurité civile due à l’expansion de razzias d’esclavagistes déportant les noirs vers le nord du continent, au profit de la traite arabe.

Cette charte de vie commune constitue la formalisation des bases d’une nouvelle ère sociale où la droiture prime, avec un nouveau régime politique qui tire sa force de valeurs morales universelles dont voici l’essence :

  • « Le Mandé fut fondé sur l’entente et la concorde, l’amour, la liberté et la fraternité… »
  • « une vie ne vaut pas mieux qu’une autre vie… »
  • « toute vie étant une vie, tout tort causé à une vie exige réparation… »
  • « que chacun veille sur son prochain… »
  • « que chacun veille sur la terre de ses pères… »
  • « tant que nous disposerons du carquois et de l’arc, la famine ne tuera personne dans le Mandé, si d’aventure la famine survient… »
  • « l’essence de l’esclavage est éteinte… les razzias sont bannies à compter de ce jour au Mandé… »
  • « chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits, des lois de sa Patrie. »
  • « Tel est le Serment du Mandé à l’adresse des oreilles du monde tout entier. »

Chacun de ces engagements fondamentaux a entraîné des mesures concrètes dans la gestion de la politique de développement de l’Empire du Mali, qui connut son apogée au XIVe siècle, puis le déclin jusqu’au XVIe siècle.

Au fil du temps, ces valeurs ont nourri un sentiment collectif de fierté du droit de vivre avec dignité, un idéal pour chaque homme à ce jour encore ancré dans l’inconscient naturel de la société malienne.

Une pensée à partager sur le sujet ?

Au plaisir de vous lire en commentaire.

(Par Salimata)
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J’évolue dans le blogging avec pour philosophie #goodvibesonly

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